Djamaa el-Kebir (Grande Mosquée)
Tlemcen, Algérie
590 H / 1136 J.-C.
Almoravide
Youssef ibn Tachfin.
La Grande Mosquée de Tlemcen, comme les autres mosquées almoravides maghrébines, aux nefs (balatat) perpendiculaires au mur de la qibla et au sahn (cour) rectangulaire doté de riwaq (galeries) sur les petits côtés, représente un archétype maghrébin de l'architecture religieuse. Le plan primitif (qui ne comportait pas les deux nouvelles galeries au-devant du minaret) est rectangulaire, mais amputé d'une surface triangulaire sur sa partie nord-ouest. La longueur de l'ensemble est d'environ 55 mètres, et la largeur légèrement inférieure.
La salle de prière est divisée en treize balatat (nefs). Sept balatat prolongeant celles de la salle de prière encadrent la cour de part et d'autre (quatre d'un côté, trois de l'autre).
L'entrée est surmontée d'une sedda (mezzanine) à partir de laquelle le a'yat (crieur) fait écho aux invocations de l'imam.
Chaque balatat est couverte d'une toiture de tuiles à double pente ; les poutres de la charpente reposent sur des corbeaux sculptés d'un décor végétal. Les deux coupoles de la balata al-wasta (nef centrale) sont couvertes par des toitures en tuiles à quatre pentes.
Comme dans la Grande Mosquée d'Alger, une sobriété quasi ascétique met fortement en valeur les zones décorées, qui se résument ici à l'allée centrale et au mihrab auquel elle aboutit. Le début de cette allée, à partir de la cour, est marqué par un arc polylobé plus haut que les autres. Le rythme des piliers est interrompu, deux travées avant le mihrab, par deux colonnes en marbre, tandis que, aux piliers suivants, un arc à festons et à lambrequins enjambe la nef. Le mihrab est richement décoré : l'arc d'ouverture de la niche en plein cintre outrepassé s'appuie sur deux demi-colonnettes en marbre. Au-delà du cintre rayonnent des claveaux, décorés de rinceaux, qu'un arc festonné circonscrit. Deux bobéchons pointant de part et d'autre de cette auréole se détachent sur le fond touffu des écoinçons. L'arc et les écoinçons sont encadrés d'un alfiz à angles droits portant une inscription en caractères coufiques. Au-dessus du bandeau horizontal court une frise de feuilles d'acanthe ; cette dernière est reliée par un cadre à la bande d'arcs trilobés aveugles qui couronne le tout.
Au-devant du mihrab, une superbe coupole ajourée à nervures entrelacées diffuse une diaphane lumière du jour.
Avec ses nefs perpendiculaires au mur de qibla et sa cour rectangulaire garnie de galeries, la grande mosquée de Tlemcen est représentative de l'architecture religieuse maghrébine. La salle de prière se divise en treize nefs couvertes, comme les coupoles de la nef centrale. Reposant sur deux colonnettes, l'arc d'ouverture de la niche du mihrab porte un décor à écoinçons encadré par deux bobéchons et trois bandeaux à inscription coufique ; au-dessus court une frise de feuilles d'acanthe.
Par une analyse des styles et par comparaison avec la Grande Mosquée d'Alger. G. Marçais la date, “ainsi que sa sœur algéroise, des environs de 1070”. Mais une inscription de 590/1136 sur le mihrab vient contredire cette analyse et fait dire à G. Marçais que cela pourrait être la date de restauration et d'embellissement.
Bourouiba, R., Apports de l'Algérie à l'architecture arabo-islamique, Alger, 1986.
Bourouiba, R., L'art religieux musulman en Algérie, Alger, 1973.
Marçais, G., Tlemcen, coll. “Les villes d'art célèbres”, Paris, 1950 ; Blida, 2004.
Ali Lafer "Djamaa el-Kebir (Grande Mosquée)" dans Discover Islamic Art. Museum With No Frontiers, 2024. 2024. https://islamicart.museumwnf.org/database_item.php?id=monument;ISL;dz;Mon01;1;fr
N° de travail MWNF : AL 01
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