Jérach (Gerasa)
Jérach, Jordanie
IIe siècle de l’Hégire (VIIIe siècle J.-C.)
Périodes romaine, byzantine, omeyyade
Jérach, célèbre pour ses monuments gréco-romains et byzantins, est située à 34 km au nord d'Amman. Son plan orthogonal à larges artères bordées de colonnes a évolué du milieu du Ier à la fin du IIe siècle av. J.-C. La cité, protégée par un mur de 3,45 km de long, possédait 2 km de rues à colonnades, des temples dédiés à Zeus, Artémis et autres dieux, deux théâtres, deux importantes installations de bains et un hippodrome. Ces constructions attestent une vie culturelle développée.
Les fouilles menées entre 1925 et 1934 ont porté sur les vestiges de la période romaine et ont traité de façon accessoire des constructions islamiques – quand elles ne les ont pas ignorées. Les excavations des années 1980 conduites par diverses équipes internationales ont réhabilité l'implantation omeyyade. Une contribution particulièrement importante à la compréhension de cette période a été apportée par Alan Walmsley, qui a réuni des preuves archéologiques, numismatiques et textuelles d'une continuité d'occupation du site jusqu'au IIIe siècle H (IXe siècle J.-C.).
En 2002, Walmsley a lancé un projet de recherches spécifique pour mieux comprendre la période islamique et les transformations à long terme qui les caractérisent. Il semble maintenant que la période omeyyade a connu une paix aussi sereine que la Pax Romana et fut, dans une large mesure, la continuation de la période byzantine antérieure.
Jérach est mentionnée dans des sources géographiques arabes comme un district administratif (kura) de la province militaire (jund) de Jordanie, dont la capitale était Tibériade, au bord du lac du même nom. Ses frontières touchaient à celles de l'importante et vaste province de Bleqa sous juridiction de la province militaire de Damas, le jund Dimashq.
Au cours de la période omeyyade, Jérach frappa des monnaies du type arabo-byzantin ou purement épigraphique, cette dernière classe portant le nom du lieu de frappe, “Jérach”, en caractères arabes. La cité fut également un centre majeur de fabrication de céramiques dont la production était diffusée dans une grande partie du nord de la Jordanie. Les lampes en terre cuite moulée portaient parfois des inscriptions arabes mentionnant le nom du potier et celui de Jérach.
De nombreux fours de potiers ont été découverts dans et autour du théâtre nord, dans le temenos (temple) d'Artémis, le sanctuaire de Zeus et le macellum (centre financier ou marché). Tous montrent qu'à la fin de la présence de Byzance et au cours de la période omeyyade, Jérach était passée du type de ville antique classique à celui de ville ouvrière. Un grand nombre de ses 14 églises restèrent en fonction au-delà de la période omeyyade, comme le montre la mutilation de représentations figuratives de pavements de mosaïque.
Les fouilles des années 1980 ont mis au jour des sculptures omeyyades au nord de l'extension ouest de la rue (decumanus) sud. Elles consistent en boutiques en façade de rue devant un immeuble résidentiel dont les pièces donnaient des deux côtés d'une cour intérieure de plan irrégulier. L'ensemble, de 21 x 13 m, fut subdivisé au IIe siècle H (VIIIe siècle J.-C.) en unités plus petites par la fermeture de certains passages et l'ouverture d'autres à travers les murs.
La découverte la plus remarquable fut, en 2002, celle d'une grande mosquée immédiatement à l'ouest du tetrakonia sud et sud du decumanus sud. Elle consiste en un bâtiment rectangulaire de 44,5 x 39 m dont les murs sont recouverts d'une pierraille de 0,7 m d'épaisseur. Des portiques de 4,80 m de profondeur entourent la cour sur trois côtés. Le sanctuaire (39 x 13,80 m), pavé de dalles de pierre, présente deux rangées de colonnes parallèles au mur de la qibla, où les fouilles ont mis au jour deux mihrab : un grand, au centre, d'un diamètre de 3,50 m, et un plus petit à 4 m à l'est, installé dans une projection rectangulaire. La découverte de cette construction d'envergure indique qu'au cours de la période omeyyade, Jérach possédait une importante communauté musulmane qui coexistait avec les chrétiens.
Jérach, à 34 km au nord d’Amman, possède de nombreux monuments gréco-romains et byzantins. La période omeyyade fut un prolongement de l’époque byzantine quand Jérach se transforma d’un modèle de ville antique classique à celui d’une ville ouvrière. L’implantation se poursuivit au cours du IIIe siècle H (IXe siècle J.-C.). Jérach est mentionnée dans les sources arabes comme un district de la province militaire de Jordanie. La ville frappait monnaies et était un centre de fabrication de céramiques. Une grande mosquée et plusieurs églises indiquent que lors de la période omeyyade, Jérach possédait une importante communauté musulmane qui coexistait avec les chrétiens.
L'étude des fouilles archéologiques et des vestiges matériels, essentiellement des tessons de poterie et des pièces monnaie, témoigne d'une période omeyyade.
Gawlikowski, M., “A Residential Area by the South Decumanus”, in Jerash Archaeological Project, 1981–3, F. Zayadine (dir.), Amman, 1986, pp. 107-121.
Pierobon, R., “Archaeological Research in the Sanctuary of Artemis: The area of the Kilns”, in Jerash Archaeological Project, 1981-3, F. Zayadine (dir.), Amman, 1986, pp. 184-187.
Pierobon, R., “Gerasa in Archaeological Historiography”, Mesopotamia, XXVIII-XIX, 1983-1984, pp. 13-35.
Ghazi Bisheh "Jérach (Gerasa)" dans Discover Islamic Art. Museum With No Frontiers, 2024. 2024. https://islamicart.museumwnf.org/database_item.php?id=monument;ISL;jo;Mon01;14;fr
N° de travail MWNF : JO 14
RELATED CONTENT
Related monuments
Islamic Dynasties / Period
Download
As PDF (including images) As Word (text only)