Palais Badi
Marrakech, Maroc
Les travaux ont commencé au mois de chawal 986 H (décembre 1578) et se sont achevés en 1002/1594
Le plan général suggère que le concepteur du bâtiment était un Andalou, probablement un réfugié grenadin ou morisque.
Saadienne, 955-1027 de l’Hégire / 1548-1618 J.-C.
Ahmad al-Mansour ad-Dahbi, souverain saadien (r. 985-1019 H / 1578-1603 J.-C.).
Le 3 chaaban 986 H / 4 octobre 1578 J.-C., Ahmad al-Mansour remportait sur les Portugais à la bataille de Oued el-Makhzen (dite bataille d'Alcazarquivir ou des Trois Rois) l'éclatante victoire à l'issue de laquelle il fut proclamé sultan et reçut le titre de “Mansour ” (le Victorieux). Désormais auréolé d'une renommée internationale, il décida de construire dans la casbah de Marrakech un fastueux palais de réception.
Les travaux durèrent 16 ans et le palais fut appelé “Badi” (l'Incomparable), un des 99 qualificatifs d'Allah (par ailleurs, ksar el-bdi signifie en arabe marocain “le palais de porcelaine”, ce qui pourrait renvoyer aux riches lambris de céramique qui ornent l'édifice à profusion). Montaigne, dans son Voyage en Italie, rapporte que, près de Pise, des ouvriers italiens taillaient, “pour le roi de Fès en Barbarie”, cinquante très hautes colonnes de marbre qui furent payées en sucre, poids pour poids. Et al-Ifrani rapporte que des ouvriers de différents pays,y compris européens, furent recrutés pour l'exécution des travaux.
Pendant trois quarts de siècle, le Badi accueillit toutes les grandes cérémonies et fêtes données par les souverains saadiens, et finit par acquérir une réputation, plus ou moins fondée, d'excès et de débauche. C'est, pour une grande part, ce qui décida le souverain alaouite Moulay Ismaïl (1083-1140 H / 1672-1727 J.-C.) à ordonner la destruction totale de l'édifice, dont ne subsistent aujourd'hui qu'une partie de la muraille d'enceinte d'une épaisseur de 2 m, l'esplanade, avec les vestiges des bassins et des vergers, un des pavillons avec ses colonnes et quelques éléments décoratifs (stuc, marbre, zelliges).
Mais les fouilles effectuées au XXesiècle, la découverte de deux plans du palais (un portugais et un anglais) et les relations de chroniqueurs contemporains et de visiteurs étrangers autorisent une vision assez précise de ce que fut le Badi au temps de sa splendeur.
Le palais était construit autour d'une immense cour rectangulaire de 135 x 110 m comportant un long bassin central de 90 x 20 m, doté d'une fontaine monumentale avec, de chaque côté, une dépression complantée d'arbres et de fleurs et flanquée, aux extrémités, de quatre petits bassins rectangulaires dont le pavage en marqueterie céramique est encore bien visible. Le côté est du palais donnait sur un grand jardin dit “de cristal”.
Deux pavillons de 15x 16 m se dressaient au milieu des petits côtés de la cour, et deux autres de 23x 15 m au milieu des grands côtés ; les coins de la cour étaient flanqués de tours en troncs de pyramides.
Les pavillons étaient surmontés de coupoles aux plafonds incrustés d'or et de précieuses mouqarnas portées par des colonnes en marbre aux chapiteaux recouverts de feuilles d'or. Les sols et les murs étaient recouverts de mosaïques de faïence, les portes étaient en bois sculpté et, partout, des fontaines faisaient jaillir leur eau de gueules de lions, de léopards ou de pythons sculptés dans l'argent massif.
Pendant 75 ans, le Badi, détruit sous les Alaouites, a accueilli toutes les fêtes des souverains saadiens. Le palais était construit autour d'une immense cour dotée de 5 bassins pavés de céramique et qui débouchait sur un grand jardin.
Au milieu de chaque côté de la cour se dressaient un pavillon central et deux tours latérales. Mouqarnas incrustés d'or, marbres d'Italie, mosaïques, têtes de fontaines en argent massif… le décor y était d'une richesse extrême. En subsistent une partie de l'enceinte, l'esplanade avec les vestiges des bassins, un des pavillons avec ses colonnes et quelques éléments décoratifs.
D'après al-Ifrani, qui s'appuie sur les inscriptions poétiques qui ornaient le palais et qui ont disparu.
Al-Ifrani, A., Nouzhat al-Hadi, Histoire de la dynastie saadienne, éd. et trad. O. Houdras, Paris, 1888-1889, ch. XL.
Deverdun, G., Marrakech, des origines à 1912, Rabat, 1959, pp. 392-401.
Marçais, G., L'architecture musulmane d'Occident, Paris, 1954, pp.395-396.
Kamal Lakhdar "Palais Badi" dans Discover Islamic Art. Museum With No Frontiers, 2024. 2024. https://islamicart.museumwnf.org/database_item.php?id=monument;ISL;ma;Mon01;13;fr
N° de travail MWNF : MO 18
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