Casbah de Chefchaouen
À 110 km de Tanger et à 60 km de Tétouan, Chefchaouen (Chaouen), Maroc
Xe-XIe siècle de l’Hégire (XVe-XVIe siècle J.-C.)
Wattasside et saadienne
Moulay Ali ibn Moussa ibn Rachid.
Sous les Wattassides (IXe-Xe siècle H / XVe-XVIe J.-C.) et concomitamment avec les progrès de la reconquête chrétienne d'al-Andalus, le Maroc se trouva en butte à de nombreuses agressions espagnoles et portugaises.
En 875 H / 1471 J.-C., date de la prise de Tanger et d'Asilah par les Portugais, le chérif Moulay Ali ibn Rachid, descendant du grand saint marocain du VIe siècle H (XIIe J.-C.) Moulay Abdeslam ben Mchich, et se réclamant de la première dynastie musulmane marocaine, celle des Idrissides (IIe-IVe siècle H / VIIIe-Xe siècle J.-C.), prit l'initiative, face à la faiblesse du pouvoir central, de créer une place fortifiée pour défendre et protéger la région où il était né, dans les montagnes du Rif.
Erigée à des fins de jihad, la forteresse des Banu Rachid devint rapidement le siège d'une véritable principauté, dotée d'un pouvoir politique autonome dont l'influence débordait les limites de la zone rifaine.
Une nouvelle ville, baptisée Chefchaouen (“les cornes” en berbère, par référence aux pics montagneux qui en constituaient l'arrière-pays), fut construite au sud-ouest de la casbah/forteresse, dans un style andalou-maghrébin, à l'intérieur de puissants remparts flanqués de tours et percés de sept portes. Elle se développa et prospéra en accueillant une partie des flux successifs d'Andalous, musulmans et juifs, expulsés d'Espagne après la reconquête chrétienne de 1492 J.-C.
La casbah, qui était à la fois un campement militaire permanent et une résidence seigneuriale, est dotée d'une courtine flanquée de onze tours dont la principale est de construction plus récente (début Xe siècle H / XVIe siècle J.-C.).
Cette tour, de plan presque carré (7,70 x 7,40 m), présente trois niveaux :
– Au rez-de-chaussée, une salle de 5 m de côté environ avec un pilier central octogonal d'où s'élèvent quatre arcs perpendiculaires en plein cintre. Le plafond de cette salle est constitué de quatre coupoles surbaissées sur trompes, construites en briques.
– à l'étage, l'espace est divisé en deux salles rectangulaires par une poutraison longitudinale soutenue par un petit pilier.
– Le dernier niveau est occupé par une terrasse disposant d'un parapet à merlons.
Ouverte dans la façade opposée à la tour principale, la porte donnant vers le souk par un passage coudé est basse et étroite et traverse une grande salle de 8,30 x 4 m.
Dans le coin nord-est de la casbah, l'ancienne zone palatiale, dont la forme actuelle est de construction tardive, est désormais occupée par un musée et un centre d'études andalouses.
Une mosquée al masjid al-a'dam (“la très grande mosquée”) construite en contiguïté de la casbah, a connu des travaux d'agrandissement au XIe siècle H (XVIIe siècle J.-C.). Hormis sa porte principale, l'édifice est dénué de toute décoration et ne se distingue que par son minaret octogonal, caractéristique du nord du Maroc.
Outre sa fonction défensive et son rôle politique, Chefchaouen a constitué à travers l'Histoire un pôle religieux à l'échelle régionale, voir nationale. Ainsi, on y compte pas moins de 20 mosquées et 28 zaouia et mausolées, ce qui lui a valu la dénomination de ville bénie (al madina as-saliha).
Aux XVe et XVIe siècles, le Maroc connaît une période d'affaiblissement qui favorise la “Reconquista” et permet aux Portugais d'occuper Tanger. Dans ce contexte, Moulay Ali ibn Rachid crée dans le Rif une place fortifiée qui devient le siège d'une véritable principauté. Une nouvelle ville, Chefchaouen, se développe à proximité et accueille nombre de musulmans et de juifs expulsés d'Espagne.
Forteresse, camp militaire et résidence seigneuriale, la casbah est dotée d'une courtine flanquée de 11 tours et d'une mosquée à minaret octogonal dépourvu de décor.
La zone palatiale a été transformée en musée.
Les sources historiques et hagiographiques citées par les auteurs qui se sont intéressés à Chefchaouen datent la construction de l'enceinte bastionnée du dernier tiers du IXe/XVe siècle. La tour principale aurait été rebâtie dans sa forme actuelle un demi-siècle plus tard environ.
Colin, G. S., “Shafshawan”, Encyclopédie de l'Islam, IV, 1926, pp. 263 sq.
Gozalbes Busto, G., “Gurazim: cuña de Xauen. Contribución al estudio de la historia de Marrueccos”, Cuadernos de la Biblioteca Española de Tetuán, 17-18, 1978, pp. 83-98.
Touri, A., Bazzana, A., Cressier, P., “La Qasbah de Shafshawan”, Castrum 3, Guerre, Fortification et Habitat dans le monde méditerranéen, Madrid-Rome, 1988, pp. 153-162.
Kamal Lakhdar "Casbah de Chefchaouen" dans Discover Islamic Art. Museum With No Frontiers, 2024. 2024. https://islamicart.museumwnf.org/database_item.php?id=monument;ISL;ma;Mon01;30;fr
N° de travail MWNF : MO 39
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