Nom du Monument:

Madrasa al-Salahiyya

Autre(s) nom(s):

Église Sainte-Anne (Hannah)

Localisation:

Dans la vieille ville, à proximité de Bab al-Asbat (porte du Lion), sur le côté nord au début de Tariq al-Moudjahidin, Jérusalem

Date du Monument:

525-533 de l’Hégire / 1131-1138 J.-C. et 588 H / 1192-1193 J.-C.

Période / Dynastie:

Période des Croisés, dynastie ayyoubide

Commanditaire(s):

La commanditaire la plus connue est la reine Mélisande (m. 1161 J.-C.), épouse de Baudoin II (r. 1118-1131 J.-C.), souverain de Jérusalem, et mère de Baudoin III (r. 1143-1162). Sultan Salah al-Din (Saladin, r. 564-589 H / 1169-1193 J.-C.), qui transforma les lieux en école islamique.

Description:

La fondation d'une église sur ce site remonte à la présence byzantine. Elle fut utilisée en permanence jusqu'à la période abbasside, époque à partir de laquelle le bâtiment fut abandonné pour des raisons inconnues. Les Fatimides la transformèrent en école pour l'enseignement des sciences. à leur arrivée, les Croisés édifièrent la construction actuelle. Après la libération de Jérusalem en 583 H / 1187 J.-C. par Saladin, l'église fut transformée en madrasa où l'on apprenait la jurisprudence soufie (fiqh). Cette transformation tint cependant compte de l'importance de ce bâtiment pour l'histoire chrétienne. Un parent de Saladin, Fakhr al-Din, l'émir de Hama, témoigna de son intérêt pour le site en dotant les lieux d'une fontaine à ablutions et d'une alimentation en eau courante prélevée dans un réservoir proche. La politique de tolérance bien connue de Saladin se manifesta dans l'autorisation donnée aux Franciscains de célébrer des offices dans le bâtiment lors de fêtes religieuses et les pèlerins purent visiter la caverne située sous le bâtiment supposé être le lieu de naissance de la Vierge Marie. Le site fut abandonné dans la seconde moitié du XIIe siècle (XVIIIe siècle J.-C.). à l'occasion de l'alliance entre la France et l'empire ottoman dans la guerre de Crimée contre la Russie, Napoléon III (r. 1852-1870 J.-C.) demanda au sultan Abd al-Majid (Abdülmecid, r. 1255-1277 H / 1839-1861) que le bâtiment soit de nouveau affecté à l'église, ce qui fut fait.
On accède au bâtiment par une porte située au sud de l'entrée principale ouverte dans la façade nord. Juste devant cette entrée figure la seule indication montrant que ce bâtiment a été jadis une madrasa, un panneau de fondation de 144 x 55 cm dont le texte dit : “Au Nom de Dieu, le plus Clément, le plus Miséricordieux, Et qui parmi vous peut-être béni par qui que ce soit d'autre que Dieu. Cette sainte madrasa a été offerte par notre maître, le souverain, le victorieux, le sauveur du monde et de la religion, le sultan de l'islam et des musulmans, Abi Mudaffar Youssouf bin Ayyoub bin Chadi, restaurateur de l'état, commandeur des fidèles, Que Dieu renforce sa victoire et celle de tous ceux qui se rangent à ses côtés, entre le bien fait dans ce monde et dans le prochain, parmi ces légistes qui suivent l'imam Abi Abd Allah Muhammad bin Idris al-Shafi'i, que Dieu lui accorde sa grâce en l'an 588 [1192].”
L'église a été bâtie sur un plan basilical gothique, c'est-à-dire un quadrilatère à large nef centrale flanquée de deux nefs latérales plus étroites. Le sol est en marbre. Le plafond à voûtes entrecroisées est soutenu par des arcs de style gothique reposant sur des piliers en pierre de section rectangulaire. Le chœur est surmonté d'une demi-coupole appuyée sur de grands arcs. L'église, édifiée selon la règle bénédictine, est très peu décorée. Le décor sculpté de l'autel dû à l'artiste Philip Kiblan a été exécuté en 1954. Il représente des scènes du Nouveau Testament comme l'Annonciation, la Nativité et une Pietà. Certains chapiteaux de colonne sont décorés de têtes de bœuf, symbole de saint Luc, et d'un torse masculin, pour saint Mathieu. Un certain nombre d'entre eux n'ont jamais été achevés. L'église a été construite au-dessus d'une caverne recouverte d'une coupole de pierre moderne. Précédée par un petit autel, elle est censée être le lieu de naissance de la Vierge Marie selon la tradition des chrétiens d'Orient. Une statue du cardinal Lavigerie (1825-1892), fondateur de l'ordre des Pères blancs, a été placée dans la partie nord du jardin.

View Short Description

Cette église typique de l’époque des Croisés n’a pas subi de modifications depuis le VIe siècle H (XIIe siècle J.-C.). Salah al-Din (Saladin) n’en a pas altéré les caractéristiques quand il la transforma en madrasa chafiite. Les madrasa de Jérusalem furent extrêmement réputées jusqu’à la seconde moitié du XIIIe/XIXe siècle du fait du nombre de leurs étudiants et de l’importance de leurs professeurs. Les Ottomans firent don de la madrasa au gouvernement français qui à son tour la légua aux Pères blancs qui la transformèrent en église et lui adjoignirent d’autres bâtiments. L’endroit est censé être le lieu de naissance de la Vierge Marie et s’élève tout près du bassin de Bethesda où le Christ accomplissait des miracles.

Mode de datation:

Sources historiques dont l'historien Moujir al-Din al-Hanbali (m. 928-1521). Présence de vestiges d'une inscription à l'entrée. Le plan basilical gothique suggère également la période des Croisés.

Bibliographie sélective:

Al-'Asli, K., Ma'ahid al-'ilm fi Bait al-Maqdis [établissements d'enseignement à Jérusalem], Amman, 1981.
Al-Hanbali, Moujir al-Din (m. 928/1521), Al-Ouns al-Djalil bi Tarikh al-Qods wa al-Khalil [Importance du milieu dans l'histoire de Jérusalem et d'Hébron], Amman, 1973.
Hazbun, L., Kanisat Qaddisa Hannah (Salahiyya) wa Birkat Bait Hasida [L'église Sainte-Anne (Hannah/Salahiyya) et la piscine Bait Hasida], Jérusalem, n.d.
Martin, S., “Al-Kulliya al-Salahiyya: A late Ottoman University in Jerusalem”, in S. Auld et R. Hillenbrand (éds), Ottoman Jerusalem: The Living City 1517-917 (première partie), Londres, 2000.
Al-Natsheh, Y., Kanisat al-Qaddisa Ann (al-Madrasa al-Salahiyya) [L'église Sainte-Anne (madrasa al-Salahiyya)], Jérusalem, 2004.

Citation de cette page web:

Yusuf al-Natsheh "Madrasa al-Salahiyya" dans Discover Islamic Art. Museum With No Frontiers, 2024. 2024. https://islamicart.museumwnf.org/database_item.php?id=monument;ISL;pa;Mon01;33;fr

Fiche rédigée par: Yusuf Al-NatshehYusuf al-Natsheh

Yusuf Said Natsheh is a Palestinian and since 1997 he has been Director of the Department of Islamic Archaeology in al-Haram al-Sharif in Jerusalem. He is a lecturer at al-Quds University. He was educated in Jerusalem and Cairo and in 1997 obtained his Ph.D. from the School of Oriental and African Studies, University of London. Dr Natsheh is a council member of many Palestinian societies for architectural heritage and a consultant for various projects on Jerusalem. He has written books and more than 40 articles about Jerusalem's architectural heritage including the architectural survey of Ottoman architecture in R. Hillenbrand and S. Auld (eds) Ottoman Jerusalem: The Living City 1517–1917 (London: Altajir World of Islam Trust, 2000). He has contributed to many international and national conferences. He supervised the restoration project, sponsored by the Arab League, on Mamluk monuments in and around al-Haram al-Sharif, and was Palestinian expert for the UNESCO mission to Jerusalem in 2004.

Traduction par: Jacques Bosser (de l'anglais).
Édition: Margot Cortez

N° de travail MWNF : PA 33

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