Khan al-Arous
Sur la route Damas-Homs, Syrie
577 de l'Hégire / 1182 J.-C.
Ayyoubide
Salah al-Din al-Ayyoubi (Saladin, r. 564-589 H / 1169-1193 J.-C.).
Le khan (auberge) est un type de construction qui servait de lieu de repos aux voyageurs, caravanes, pèlerins et messagers de la poste auxquels il offrait nourriture et abri pour les hommes, les animaux et leurs biens. Les khan étaient également d'importants centres de commerce.
Commandité par Salah al-Din al-Ayyoubi (Saladin), Khan al-Arous est une superbe construction de forme carrée de 40 m de côté. Sa porte d'entrée, encadrée de deux arcs brisés, s'ouvre sur le côté sud. Elle conduit à un corridor d'où partent, du côté gauche, une porte et un escalier qui mène au toit où était aménagée une salle. Le corridor conduit ensuite à une cour ouverte (29,55 x 24,75 m) entourée de portiques à arcades, au centre de laquelle se trouve un bassin. L'entrée fait face à l'iwan principal. L'étage au-dessus de l'entrée de forme rectangulaire (6,40 x 3,85 m) à plafond voûté semble avoir joué un rôle défensif. Sa pièce est dotée de deux accès permettant le passage sur le toit et de deux fenêtres, l'une donnant sur la cour et l'autre sur l'entrée, avec un point de vue stratégique sur la route. La toiture était sans doute entourée à l'origine de merlons et d'archères permettant de tirer dans toutes les directions, mais qui ont tous disparu.
Le recours à une architecture défensive de ce type dans une construction civile est caractéristique du style ayyoubide syrien, comme l'avait noté Ibn Jubayr (m. 614 H / 1217 J.-C.), voyageur contemporain venant d'al-Andalus. Dans ses mémoires, il note le goût syrien pour les fortifications ainsi que la grande beauté et le caractère imprenable de ce khan, qu'il appelle “Khan al-Sultan” en l'attribuant à Saladin. Il observe également qu'il était protégé par une porte de fer et que sa cour disposait d'eau courante et d'une citerne circulaire.
Le plan du khan est similaire à celui d'autres khan voisins et contemporains, comme le khan al-Qousayr. Néanmoins, beaucoup d'efforts avaient été dépensés pour en rendre la défense impressionnante, comme le montre la maçonnerie de grande qualité, sans aucun doute parce que le commanditaire était Saladin lui-même.
Le bâtiment a été restauré à la fin des années 1980.
Ce caravansérail ayyoubide commandité par Saladin est typique de la militarisation de l'architecture et du goût artistique de l'époque. Il s'agissait alors d'assurer la sécurité des marchands, des pèlerins et des soldats en déplacement. Le voyageur andalou Ibn Jubayr s'y arrêta lors de ses voyages et admira ses puissantes portes en métal et l'abondance de l'eau. Il remarqua que les constructions du machriq étaient assez différentes de celle du maghrib par leur sobriété et leur aspect militaire prononcé.
Existence d'une inscription aujourd'hui disparue, mais initialement sculptée en cinq lignes de style thoulouth sur une pierre juste au-dessus de l'arc brisé de l'entrée. Photographiée et publiée dans l'étude de Sauvaget (1939), elle indiquait la date de 577 (1182) sous le règne de Salah al-Din al-Ayyoubi (Saladin). Les caractéristiques architecturales du khan confirment une datation ayyoubide du VIe siècle H (XIIe siècle J.-C.).
Sauvaget, J., “Caravansérails syriens du Moyen-Age”, in Ars Islamica, 6, 1939, pp. 49-55 ; fig. 19.
Ibn Jubayr (d. 614 / 1217), Rihlat Ibn Jubayr [Les voyages d'Ibn Jubayr], Beyrouth, 1999, p. 233.
Dina Bakkour "Khan al-Arous" dans Discover Islamic Art. Museum With No Frontiers, 2024. 2024. https://islamicart.museumwnf.org/database_item.php?id=monument;ISL;sy;Mon01;36;fr
N° de travail MWNF : SY 39
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