Citadelle de Diyarbakır
Diyarbakır, Turquie
Porte d’Harput : 297 de l’Hégire / 910 J.-C. ; porte de Mardin : 297 H / 910 J.-C. ; tour de Melikchah : 464-485 H / 1072-1092 J.-C. ; porte d’Urfa : 579 H / 1183 J.-C. ; Ullu Beden (le Haut Mur) : 605 H / 1209 J.-C. ; Yedi Kardeşler (tour des Sept Frères) : 596-619 H / 1200-1222
Portes d’Harput et de Mardin : Ahmed bin Cemil el-Amidi (Ahmad bin Jamil al-Amidi) ; Ulu Beden (le Haut Mur) : Ibrahim Caferoğlu (Ibrahim, fils de Ja’far) ; tour Yedi Kardeşler (porte des Sept Frères) : Yahya, fils de Ibrahim al-Charafi ; tour Keçi Burcu (tour de la Chèvre) : Nasır bin Habib ; tour Melikchah : Ebi Nasr Muhammed bin Abd-ül-Vahid (Abou Nasr Muhammad ibn Abd al-Wahid).
La construction d’origine date du règne de l’empereur romain Constantin en 349. Des adjonctions et des réparations ont été réalisées aux époques byzantine, abbasside, marwanide, artukide et seldjoukide
Porte d’Harput : calife Mouqtadir (r. 295-319 H / 908-932 J.-C.) ; porte de Mardin : calife Mouqtadir (r. 295-319 H / 908-932 J.-C.) et Nisanoğlu al-Mouayyad (al-Mouayyad, fils de Nisan, ?-540 H / ?-1145 J.-C.) ; Tour de Melikchah : sultan Malik Chah des Grands Seldjoukides (r. 465-485 H / 1073-1092 J.-C.) ; porte d’Urfa : Muhammad, fils du souverain artukide Qara Arslan (562-581 H / 1167-1185) ; Ulu Beden (le Haut Mur) et tour Yedi Kardeşler (tour des Sept Frères) : souverain artukide al-Malik al-Salih Mahmoud (r. 597-619 H / 1201-1222 J.-C.).
Connue depuis l'Antiquité sous les noms de Amida, de Kara-Ami et de Diyar Bakr, la cité a reçu son nouveau nom de Diyarbakir en 1938. Plus grande ville du sud-est de l'Anatolie, elle est située sur un haut-plateau à 650 m d'altitude sur le cours supérieur du Tigre. Entièrement entourée de 5 km de murailles, elle mesure environ 1 700 m d'est en ouest et 1300 m du nord au sud. Ses remparts s'élèvent sur des escarpements rocheux à l'est et sont entourés pour le reste de douves d'environ 6 m de profondeur et 15 m de large, la plupart étant comblées aujourd'hui. Le rempart principal mesure de 4 à 5 m de large pour 8 à 12 m de haut. Il est renforcé par 78 tours et percé d'une porte à chacun des quatre points cardinaux : la porte du Tigre ou porte Nouvelle à l'est, la porte d'Harput ou porte de la Montagne au nord, la porte d'Urfa (Rum ou d'Anatolie) à l'ouest et la porte de Mardin ou Bab al-Tell au sud. La forteresse qui se dresse à l'intérieur, sur le site d'origine de la ville, possède une porte supplémentaire dissimulée dont sur la rive du Tigre (la Oğrun Kapı ou “porte secrète”). Dans cette enceinte, outre la mosquée, ont existé jadis un palais artukide et la résidence de Bıyıklı Mehmed Pacha.
Trois importantes tours dont la décoration date de la période turque sont restées pour leur plus grande part en bon état. La tour de Ulu (ou Evli) Beden (littéralement du haut mur), située entre les portes d'Urfa et de Mardin, est de plan semi-circulaire. L'inscription de sa façade est encadrée par des aigles bicéphales, deux lions à tête humaine et deux taureaux. La tour Yedi Kardeşler (des Sept Frères) ressemble à la précédente aussi bien dans son plan que dans son décor de façade. Son inscription est également encadrée d'un aigle bicéphale et de deux lions. La Keçi Burcu (tour de la Chèvre), près de la porte de Mardin, ne comporte aucun décor si ce n'est une inscription arabe en coufique.
Les autres portes d'entrée principales sont décorées de divers symboles du pouvoir, parmi lesquels des dragons bicéphales, des chasseurs à cheval, des lions et des scènes de combat entre des lions et des taureaux.
Les murailles de la forteresse sont pour l'essentiel en basalte taillé ponctué de quelques moellons calcaires.
La muraille qui encercle la vieille ville de Diyarbakır mesure approximativement 5 km de long et est en grande partie conservée. Les fortifications, fameuses pour la décoration des bastions et des portes, subirent des altérations durant les périodes romaine, byzantine, abbasside, marwanide, artukide et seldjoukide. Un palais artukide et la résidence de Bıyıklı Mehmed Pacha, jadis à l’intérieur de la citadelle, n’ont pas résisté au temps.
D'après divers documents historiques et des analyses stylistiques, on sait que la forteresse a été édifiée à l'époque de l'empereur romain Constantin. Des réparations et des adjonctions lui ont été apportées ultérieurement, comme l'indiquent des inscriptions découvertes sur ses murs. Les plus notables sont la porte d'Harput construite en 297/909 et réparée en 447/1056 ; la porte d'Urfa réparée et modifiée en 579/1183 ; la porte de Mardin réparée et modifiée en 297/909 et en 540/1145 ; le Ulu Beden et la tour de Yedi Kardeşler (des Sept Frères) réparés et modifiés en 605/1209 ; Keçi Burcu (la tour de l'Oie) réparée et modifiée en 420-429/1029-1037.
Gabriel, A. (trad. K. özsezgin), Diyarbakır Surları [Les murailles de Diyarbakır], Ankara, 1993.
Sönmez, Z., Başlangıcından 16. yüzyıla kadar Anadolu-Türk Islam Mimarisinde Sanatçılar [Artistes de l'architecture anatolienne turco-islamique, des débuts jusqu'au XVIe siècle], Ankara, 1995.
Sözen, M., “Diyarbakır : Its History, Settlement Plan and Problems”, Urbanism in Islam (Icuıt II), Tokyo, 1994, pp. 123-124.
Strzygowski, J. et van Berchem, M., Amida, Heidelberg, 1910.
Yinanç, M. H., “Diyarbakır”, İslam Ansiklopedisi [Encyclopédie de l'Islam], vol. 3, 1945, pp. 610-626.
Ertan Daş "Citadelle de Diyarbakır" dans Discover Islamic Art. Museum With No Frontiers, 2024. 2024. https://islamicart.museumwnf.org/database_item.php?id=monument;ISL;tr;Mon01;2;fr
Fiche rédigée par: Ertan DaşErtan Daş
Dr Ertan Daş is an assistant professor in the Department of Archaeology and Art History, Faculty of Letters, Ege University, Izmir. Born in Afyon, Turkey, in 1963, he graduated from that department, in 1986 and started working there as an expert in 1988. He completed his MA at the same university in 1997 with a thesis entitled “Turkish Monuments in Afyon”, and received his Ph.D. with a thesis entitled “Early Ottoman Turbes in Anatolia (1300–1500)” in 2001. He has published on the burial traditions of Turks, turbes (mausoleums) and tombstones, and onTurkish architecture including hans (inns), hammams (bath-houses) and mosques.
Traduction par: Jacques Bosser (de l'anglais).
Édition: Margot Cortez
N° de travail MWNF : TR 02
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