Ribat de Tît
À 12 km d’El-Jadida, Village de Moulay Abdallah, El-Jadida, Maroc
VIe siècle de l’Hégire (XIIe siècle J.-C.)
Almohade
Abou Abdallah Mohammed, chef religieux et chef de guerre, vénéré jusqu’à ce jour comme “Moulay Abdallah Amghar”.
Entre le IIe et le IVe siècle H (VIIIe-XIIe siècle J.-C.), la plaine atlantique centrale du Maroc est demeurée sous l'emprise d'un proto-état, celui des Berghwata,dont le fondateur Salih ibn-Tarif se disait nouveau prophète et prônait une religion faite d'islam déformé et berbérisé et de pratiques ancestrales locales.
Pour lutter contre cette hérésie, les Almoravides puis les Almohades menèrent une guerre incessante et édifièrent plusieurs forteresses et ribat pour défendre les cités musulmanes et mener le jihad contre ces infidèles.
Le ribat de Tît, fondé au milieu du VIe siècle H (XIIe siècle J.-C.), peut être classé parmi ces édifices fortifiés également destinés à protéger la région d'éventuelles attaques maritimes chrétiennes, bien que sa création soit attribuée, non pas à un chef d'état défenseur du pays, mais à un ascète défenseur de la foi, en l'occurrence Abou Abdallah Mohammed, descendant d'Ismaïl Amghar, homme de religion originaire de Médine, venu ranimer la foi des tribus berbères, et fondateur de la première ville de Tît(“source” en berbère, l'actuel Moulay Abdallah).
Ce borj de mer, construit sur une base hémisphérique, était entouré d'un rempart de plan trapézoïdal.
La courtine du front de mer est jalonnée par six tours carrées, à pans coupé ou demi-rond, bâties en moellons et comportant deux niveaux de chambres de tir.
La pierre constitue le principal appareil utilisé dans cet ensemble architectural, aussi bien pour les remparts et les tours que pour les parements des trois portes qui s'ouvrent dans l'enceinte.
Ces portes sont flanquées de tours ; deux d'entre elles ont un couloir simple, alors que la troisième, Bab el-Kabli, a un passage en chicane donnant sur une salle carrée couverte d'une calotte en pierre à pendentifs dont le centre est percé d'une ouverture circulaire.
Ce passage mène à l'intérieur du ribat, où on découvre un minaret sans lanternon dont la salle de prière a disparu.
Ce minaret en pierres de taille soigneusement assemblées est orné, sur deux faces, d'une baie géminée en plein cintre surmontée de deux arcs à cinq lobes, et sur les deux autres faces d'une arcature aveugle en forme d'arc brisé outrepassé surmonté d'un arc dentelé à stalactites. Il s'agit à l'évidence d'un des plus anciens minarets du Maroc.
Le ribat abrite un autre minaret en pierres de taille dont la salle de prière originelle a disparu également, et qui est actuellement adossé à la mosquée de la zaouia Moulay Abdallah, de construction récente.
Les proportions et la décoration de ce minaret en font un précurseur de la Koutoubiya. Son ornementation puise dans le registre almohade des arcs à entrelacs et des arcs à stalactites. Son lanternon, percé de baies en arcs brisés, s'orne sur chaque face d'un arc polylobé surmonté d'un entrelacs géométrique.
Le ribat demeura intact jusqu'au Xe siècle H (XVIe siècle J.-C.), quand le souverain wattasside Mohammed al-Bourtoughali (911-931 H / 1505-1524 J.-C.) le démantela pour punir ses habitants de leur soumission aux Portugais. La forteresse fut réhabilitée par l'Alaouite Sidi Mohammed ben Abdallah (1171-1204 H / 1757-1790 J.-C.), à qui l'on doit notamment la zaouia.
Fondé au XIIe siècle sur la côte atlantique au sud de Rabat pour défendre le pays contre les agressions des chrétiens par la mer et celles des hérétiques par l'intérieur, ce ribat a une base semi-circulaire et un rempart de plan trapézoïdal. La courtine du front de mer possède 3 portes et 6 tours carrées à deux niveaux de chambres de tir. à l'intérieur se trouvent deux minarets ; l'un d'origine almoravide, sans lanternon ni salle de prière ; l'autre, d'origine almohade, avec lanternon et adossé à une zaouïa de construction récente.
Démantelé au XVIe siècle, le ribat fut réhabilité au XVIIIe.
Le minaret sans lanternon prouve l'existence d'une agglomération dès l'époque almoravide, tandis que le minaret à lanternon date clairement le ribat de l'époque almohade. Par ailleurs, Léon l'Africain cite la forteresse comme vestige d'époque almohade.
Basset, H. et Terrasse, H., “Sanctuaires et forteresses almohades”, Hespéris, 1932, pp. 337-376.
El Khatib-Boujibar, N., “Moulay Abdallah-Tït”, Maisons du Maroc, n° 7, Casablanca, 1996.
Léon l'Africain, Description de l'Afrique (trad. Epaulard), Paris 1956.
Marçais, G., L'architecture musulmane d'Occident, Paris, 1954, p. 222.
Kamal Lakhdar "Ribat de Tît" dans Discover Islamic Art. Museum With No Frontiers, 2024. 2024. https://islamicart.museumwnf.org/database_item.php?id=monument;isl;ma;mon01;33;fr
N° de travail MWNF : MO 42
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