Casbah des Oudayas
À l’embouchure du Bouregreg, face à Salé, Rabat, Maroc
VIe siècle de l'Hégire (XIIe siècle J.-C.) ; début du XIe siècle H (fin du XVIIe siècle J.-C.)
Almohade ; alaouite ; réfugiés morisques
Abdelmoumen et Yacoub al-Mansour (période almohade), Moulay Ismaïl (période alaouite).
La casbah des Oudayas doit son nom à une tribu arabe installée dans le Sud marocain au XIIe siècle H (XVIIIe siècle J.-C.) et parmi laquelle le sultan alaouite Moulay Ismaïl (1083-1140 H / 1672-1727 J.-C.) recrutait une partie de son armée et dont il mit des éléments en garnison à Rabat pour la défendre contre certaines tribus avoisinantes.
Le premier ribat construit à cet endroit est mentionné dès 366 H / 977 J.-C. par le géographe Ibn Hawqal, qui affirme qu'il pouvait contenir jusqu'à 100 000 combattants.
En 534 H / 1140 J.-C., les Almoravides construisirent une casbah pour lutter contre la menace almohade. Ces derniers l'assiégèrent et la détruisirent, pour la reconstruire en 544 H / 1150 J.-C., après leur conquête du pouvoir, en y incluant un palais et une mosquée ; ils la baptisèrent Mehdya, en hommage à leur guide spirituel el-Mehdi Ibn Toumert.
Après la mort de Yacoub al-Mansour (595 H / 1199 J.-C.) et l'abandon du projet de nouvelle capitale à Ribat al-Fath, la casbah se dépeupla.
Il fallut attendre le XIe siècle H (XVIIe siècle J.-C.) pour qu'elle retrouve une nouvelle vitalité avec l'arrivée de plusieurs milliers de morisques expulsés d'Espagne qui y formèrent pendant un demi-siècle une sorte de “République autonome”, laquelle acquit une grande renommée en tant que bastion corsaire.
La casbah des Oudayas est actuellement composée d'une partie haute, de fondation almohade, et d'une partie basse, de fondation alaouite.
La muraille almohade qui entoure la casbah, large de 2,50 m et haute de 8 à 10 m, est bâtie avec des moellons et bordée par une esplanade en pente où subsistent de vieux canons.
Construite par Yacoub al-Mansour, la porte monumentale s'élève sur un tertre et domine la ville. En pierre de taille ocre rouge, elle est constituée d'un arc flanqué de deux tours et porte un décor sculpté répété sur la façade intérieure. Les écoinçons de l'arc sont encadrés d'une inscription coufique. à la naissance des arcs festonnés, des motifs serpentiformes constituent une curiosité dans la décoration marocaine. Cette porte donne sur une enfilade de trois salles carrées séparées par des marches : la première est voûtée en coupole sur trompes, la seconde est couverte en coupole sur pendentifs, la troisième est couverte en berceau. Une grande et une petite portes ouvrent sur l'intérieur de la forteresse. Un escalier placé dans le fond mène à la terrasse.
Dans la casbah se trouve la plus ancienne mosquée de Rabat, Jamaa al-Atiqa (544 H / 1150 J.-C.), dont le minaret fut restauré par Ahmad al-Inglisi, un Anglais converti.
Le pavillon princier construit par Moulay Ismaïl abrite maintenant le Musée des arts traditionnels.
Au XIIe siècle H (XVIIe siècle J.-C.), la casbah reçut l'adjonction d'un sémaphore, d'entrepôts et d'un borj défensif (tour des Corsaires) dont les canons étaient braqués sur le fleuve et sur Salé.
Dès le Xe siècle, un ribat existait sur la rive gauche du Bouregreg, où les Almoravides construisirent la casbah qui fut détruite puis reconstruite par les Almohades.
Dépeuplée au XIIIe siècle, elle ne se ranima qu'au XVIIe avec l'arrivée des Morisques expulsés d'Espagne, qui y vécurent un demi-siècle en s'adonnant à la piraterie.
Entourée d'une haute et épaisse muraille almohade comportant une porte monumentale à décor sculpté et donnant sur trois salles carrées en enfilade, la casbah abrite une mosquée almohade, la plus ancienne de Rabat, ainsi qu'un pavillon princier alaouite, transformé en musée.
L'ouvrage anonyme al-Hulal al-mawshiya, compilé vers 1380, précise que la première casbah a été édifiée par “l'émir Tachfine”, c'est-à-dire Tachfine ben Ali, qui régna de 537 à 541 H (1142-1145). Et de récentes fouilles ont mis au jour les vestiges de l'ancienne porte et de la muraille almoravides.
Marçais, G., L'architecture musulmane d'Occident, Paris, 1954.
Terrasse, H., “Le décor des portes anciennes du Maroc”, Hespéris, 1923, pp. 147-174.
Terrasse, H., Histoire du Maroc, des origines à l'établissement du Protectorat français, 2 vol., Casablanca, 1949.
Kamal Lakhdar "Casbah des Oudayas" dans Discover Islamic Art. Museum With No Frontiers, 2024. 2024. https://islamicart.museumwnf.org/database_item.php?id=monument;isl;ma;mon01;6;fr
N° de travail MWNF : MO 08
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