Nom du Monument:

Minaret de la Mosquée omeyyade d'Alep

Localisation:

La mosquée est située au nord des souks et le minaret au nord-ouest du bâtiment, Alep, Syrie

Date du Monument:

483-487 de l'Hégire / 1091-1094 J.-C

Architecte(s) / maître(s) d’œuvre:

Hassan bin Moufarraj al-Sarmani.

Période / Dynastie:

Période atabeg, seldjoukide

Commanditaire(s):

Abou al-Hassan Muhammad ibn al-Khachab, cadi (juge) d'Alep sous le règne du gouverneur seldjoukide al-Sunqur.

Description:

Ce minaret est un bel exemple du travail de la pierre dans la Syrie du Ve siècle H (XIe siècle J.-C.). Commandité par un notable de la ville d'Alep, le cadi (juge) Ibn al-Khachab, il fait partie de la Mosquée omeyyade, importante construction similaire à la Grande Mosquée de Damas entièrement rénovée par les Seldjoukides, les Atabegs et les Mamelouks. Le minaret illustre la continuité du patrimoine architectural alépin. Des sources historiques attribuent à Ibn al-Khachab l'initiative de sa reconstruction, ce qui en fait ainsi non pas l'expression du goût turc d'inspiration orientale, mais plutôt de celui d'un riche Arabe d'Alep. Construit en pierre calcaire sur une base carrée de 4,95 mètres carrés, il mesure environ 45 m de haut et son escalier intérieur en spirale compte 140 marches jusqu'au balcon du muezzin. Il comprend six niveaux. La décoration extérieure se répartit en cinq bandeaux horizontaux, surmontés par une couverture en bois en forme de coupole. De remarquables inscriptions sculptées dans la pierre en style coufique et thoulouth de la période atabeg apparaissent à chaque niveau.
Le décor devient de plus en plus élaboré et ostentatoire au fur et à mesure que le minaret d'élève. Les dédicaces des inscriptions suivent l'ordre de la hiérarchie politique. Au sommet figure une besmala (Au nom de Dieu) et la dédicace au souverain, le sultan seldjoukide. Le niveau suivant, à partir du haut, présente une dédicace au prince turc seldjoukide qui gouvernait Alep. Le troisième niveau comporte le nom du commanditaire, le cadi, puis une bénédiction tirée du Coran généralement adressée à celui qui construit une mosquée, et enfin, au niveau inférieur un simple et élégant cartouche avec le nom de l'architecte et la date de construction : "Fait par Hassan bin Moufarraj al-Sarmani en l'an trois et quatre-vingt quatre."
La modénature décorative est en harmonie avec le statut de chaque inscription. Le premier niveau est dépourvu de décor, à l'exception du cartouche, le deuxième (celui de l'inscription coranique) est orné d'un ruban d'arcs trilobés espacés et de pilastres. Ces moulures courent autour de la tour selon un principe décoratif caractéristique de l'architecture alépine depuis l'Antiquité.
Au troisième niveau, les angles sont ornés de simples moulures en forme de colonnes classiques. Le quatrième niveau est décoré de quatre paires d'arcs polylobés lourdement sculptés reposant sur des chapiteaux corinthiens. Au centre de chaque partie s'ouvre une petite fenêtre à encadrement à six lobes, rappelant les sculptures omeyyades du palais de Mchatta. Le cinquième niveau est le plus orné. De grandes ouvertures encadrées d'arcs brisés et trilobés constituent une arcade contournant les angles de la tour et faisant écho au décor du deuxième niveau. Au sommet se détache la corniche principale, faite de niches plates – à la différence des niches concaves à mouqarnas – et entièrement décorée de minuscules arabesques. Ce style de décoration illustre la continuité entre les héritages architecturaux romains et pré-islamiques en Syrie.

View Short Description

Culminant à 45 m, le minaret de la mosquée d'Alep, érigée entre 483 et 487 H / 1091-1094 J.-C., est une grande œuvre architecturale. Sa technique de construction et ses motifs décoratifs sont typiques de l'architecture du nord de la Syrie. Il présente cinq zones de décoration comportant de remarquables inscriptions calligraphiques disposées selon un ordre hiérarchique. Le niveau supérieur rend hommage au lointain sultan seldjoukide, le troisième au juge local d'Alep et le niveau le plus bas fournit le nom de l'architecte dans un petit cartouche.

Mode de datation:

Présence d'une inscription datée.

Bibliographie sélective:

Allen, T., A Classical Revival in Islamic Architecture, Wiesbaden, 1986, pp. 23-29 ; fig. 28-34.
Herzfeld, E., “Damascus: Studies in Architecture”, Deuxième partie, Ars Islamica, vol. X, 1943, p. 35.
Herzfeld, E., Matériaux pour un Corpus Inscriptionum Arabicarum: Syrie du Nord, Deuxième partie, Inscriptions et monuments d'Alep, 3 vol., Le Caire, 1954-1956, pp. 150-153 ; fig. 60.
Ibn Shaddad, Izz al-Din (m. 1285), Al-A'laq al-Khateera fi dhikr Oumara al-Cham w al-Djazira [Au cœur des noms de souverains de la Grande Syrie et d'al-Djazira], Damas, 1953.
Sourdel-Thomine, J., “Le coufique alépin de l'époque seljoukide”, Mélanges Louis-Massignon, vol. 3, IFEAD, Damas, 1957.
Tabbaa, Y., “Survivals of Archaisms in the Architecture of Northern Syria, 1080-1150”, Muqarnas, 10, 1993, p.29–41 ; fig. 5, 6.

Citation de cette page web:

Zena Takieddine, Samer Abd al-Ghafour "Minaret de la Mosquée omeyyade d'Alep" dans Discover Islamic Art. Museum With No Frontiers, 2024. 2024. https://islamicart.museumwnf.org/database_item.php?id=monument;ISL;sy;Mon01;2;fr

Fiche rédigée par: Zena Takieddine, Samer Abd al-Ghafour
Édition: Mandi Gomez
Traduction par: Jacques Bosser (de l'anglais).
Édition: Margot Cortez


N° de travail MWNF : SY 02