Nom du Monument:

Casbah de Mehdya

Localisation:

Embouchure de l’oued Sebou, sur l’Atlantique, à 12 km de Kénitra, Mehdya, Kénitra, Maroc

Date du Monument:

VIe siècle de l’Hégire (XIIe siècle J.-C.); XIe siècle de l’Hégire (XVIIe siècle J.-C.)

Architecte(s) / maître(s) d’œuvre:

Ali ben Abdallah Errifi (maître d’ouvrage).

Période / Dynastie:

Almohade, alaouite

Commanditaire(s):

- Almohade: Abdelmoumen, 524-558 H / 1130-1163 J.-C.

Description:

L'embouchure du Sebou, fleuve navigable qui relie l'Atlantique à la riche plaine du Gharb et ouvre l'accès à Fès et à l'intérieur du pays, possédait, au Moyen âge, une importance stratégique majeure, tant militaire que commerciale.

Une première localité (Marsat el-Maamora) aurait été fondée à cet endroit au IVe siècle H (Xe siècle J.-C.), et au VIe siècle H (XIIe siècle J.-C.), le souverain almohade Abdelmoumen y installa des chantiers navals où fut utilisé l'excellent bois des forêts voisines.

Cette petite ville d'el-Maamora demeura jusqu'au Xe siècle H (XVIe siècle J.-C.) un centre d'échanges commerciaux avec l'Europe.

En 921 H / 1515 J.-C., les Portugais occupèrent les lieux qu'ils fortifièrent et baptisèrent Saint-Jean de la Mamoura, mais leur occupation ne dura que 47 jours.

Au XIe siècle H (XVIIe siècle J.-C.), après avoir été un important centre de piraterie géré de manière autonome, el-Maamora fut prise d'assaut en 1022 H / 1614 J.-C. par les Espagnols qui bâtirent, sur un éperon rocheux dominant l'estuaire, une forteresse baptisée Saint-Michel d'Outremer et dont l'enceinte constitue l'essentiel de l'actuelle casbah de Mehdya.

En 1091 H / 1681 J.-C., le sultan alaouite Moulay Ismaïl reprit le site, qui reçut le nom de el-Mehdya (l'offerte), le nom de al-Maamora devenant dès lors réservé à la forêt avoisinante.

Moulay Ismaïl installa à l'intérieur de l'enceinte de la forteresse une véritable casbah, avec une maison pour le gouverneur (Dar el-Maghzen), une mosquée, une caserne, une madrasa, un fondouk, des écuries et des silos.

Le souverain alaouite remania le mur d'enceinte espagnol en renforçant la façade sud de bastions et de fossés profonds, tout en conservant les trois tours de la façade nord. Il perça dans la muraille une porte monumentale en pierre de taille dont le nom Bab Jedid (nouvelle porte) est inscrit sur le bandeau qui encadre la baie d'entrée en forme d'arc outrepassé. Cette porte est surmontée d'une fenêtre géminée et est flanquée de deux massives tours rectangulaire en saillie, couronnées de créneaux à pyramidons. Elle donne accès à la casbah par un couloir coudé qui comporte des banquettes et un escalier permettant l'accès aux étages et à la terrasse qui domine l'embouchure et l'arrière-pays.

La maison du gouverneur a été un véritable palais, spacieux et richement décoré. L'accès s'y fait par une porte en pierre sculptée et finement décorée qui donne sur une cour prolongée par un passage couvert débouchant sur la demeure. Autour d'un vaste patio dont le pavage en zelliges polychrome est encore apparent par endroits, quatre grandes salles se distinguent par leurs portes aux arcs outrepassés et polylobés, surmontées de claustras aux arcs également polylobés et divisés en trois baies par deux colonnettes.

Le palais était flanqué d'un jardin et d'un hammam, plus loin se trouvait la maison du caïd, plus petite et dont on remarque la porte ouvragée aux linteaux sculptés.

à l'intérieur de la casbah se trouve aussi un bâtiment circulaire qui servait de dépôt de munitions aux Espagnols, alors qu'à l'extérieur subsistent les vestiges d'un fortin espagnol circulaire qui surveillait le fleuve, ainsi que ceux de grands entrepôts construits par Moulay Ismaïl et qui s'étendent sur une longueur de près de trois cents mètres de part et d'autre de la route.

View Short Description

Au Xe siècle, une localité fut fondée sur l'embouchure du Sebou, fleuve navigable reliant l'Atlantique aux plaines du Gharb et de Fès. équipée de chantiers navals au XIIe siècle, elle fut prise au XVIIe par les Espagnols qui y édifièrent une forteresse.
Au XVIIIe, Moulay Ismaïl installa à l'intérieur de la forteresse une casbah comprenant une mosquée, une caserne, une madrasa et une somptueuse demeure seigneuriale, dont il reste quelques vestiges, comptant quatre grandes salles autour d'un patio pavé de zelliges, un jardin et un hammam.
Il perça dans la muraille une porte monumentale en pierre flanquée de deux tours en saillie.

Mode de datation:

Ali ibn Abi-Zar mentionne dans Rawd al-Qirtas queAbdelmoumen donna l'ordre en 557 H (1162 J.-C.) de fortifier toutes ses côtes et de mettre 400 navires sur les chantiers, à savoir 120 au port de Mehdya (…).



Ibn Zaïdan, dans Al-manbaa al-latif (Histoire de Moulay Ismaïl), affirme que le dit sultan reçut la reddition de la garnison espagnole de Mehdya le 11 rabi' I 1092 (31 mars 1681).

Bibliographie sélective:

Coindreau, R., La Casbah de Mehdya, Rabat, 1946.

El Khatib-Boujibar, N : “La kasbah de Mehdya”, Maisons du Maroc, n° 6,Casablanca, 1996.

Lévi-Provençal, é., “al-Mahdiya”, Encyclopédie de l'Islam, p. 1236.

Marçais, G., L'architecture musulmane d'Occident, Paris, 1954, pp. 409-410.

Montagne, R., “Note sur la casbah de Mehdya”, Hespéris,1921, pp. 93-97.

Citation de cette page web:

Kamal Lakhdar "Casbah de Mehdya" dans Discover Islamic Art. Museum With No Frontiers, 2024. 2024. https://islamicart.museumwnf.org/database_item.php?id=monument;ISL;ma;Mon01;31;fr

Fiche rédigée par: Kamal LakhdarKamal Lakhdar

Linguiste et sociologue de formation, c'est en autodidacte que Kamal Lakhdar s'est adonné aux études d'histoire du Maroc et du monde arabo-musulman, en axant tout spécialement ses recherches sur l'histoire de Rabat.
Sa carrière de haut fonctionnaire l'a conduit à occuper des fonctions de premier plan auprès de différents ministères. Il a notamment été membre du cabinet du ministre de l'Enseignement supérieur, conseiller du ministre des Finances, conseiller du ministre du Commerce et de l'Industrie, directeur de cabinet du ministre du Tourisme, chargé de mission auprès du Premier ministre et directeur de cabinet du Premier ministre.
Parallèlement, Kamal Lakhdar mène des activités de journaliste et d'artiste peintre – il a d'ailleurs été membre du Conseil supérieur de la Culture.

Édition: Margot Cortez

N° de travail MWNF : MO 40

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