Nom du Monument:

Koubba almoravide

Localisation:

Marrakech, Maroc

Date du Monument:

VIe siècle de l'Hégire (XIIe siècle J.-C.)

Période / Dynastie:

Almoravide

Commanditaire(s):

Ali ibn Youssef (500-537 H/1106-1143 J.-C.).

Description:

Abou al-Hassan Ali ibn Youssef, deuxième souverain almoravide, né d'une mère chrétienne, avait davantage vécu en Andalousie qu'au Maroc lorsqu'il accéda au trône à l'âge de 23 ans. Aussi n'est-il pas étonnant qu'il ait été l'artisan, non seulement de l'introduction au Maroc des arts et de la culture andalous, mais aussi celui d'une véritable symbiose entre les deux rives du Détroit qui constituaient son empire. Il fut aussi un grand mécène et un grand bâtisseur, malheureusement, la plupart de ses réalisations architecturales ont été détruites par les Almohades, qui ont succédé aux Almoravides au milieu du Ve siècle H (milieu du XIIe siècle J.-C.).

Parmi les monuments qui ont survécu, mais fort endommagés, figure la koubba (pavillon à coupole) abritant un bassin à ablutions, annexe de la mosquée Ali ibn Youssef citée par tous les chroniqueurs, mais disparue depuis.

Cette koubba, que les historiens de l'art musulman qualifient d'“extraordinaire”, s'élève au milieu d'une cour encadrée de 19 cabinets de latrines publiques. Enfoncée sous plusieurs mètres de déblais et de cendres, elle n'a été dégagée qu'en 1952-1953.

De plan rectangulaire (7,30 x 5,50 m), elle présente deux hauteurs nettement distinctes, séparées, à 5 m de haut environ, par un mince bandeau lisse en légère saillie :

– Une première hauteur dont les coins sont formés par quatre fortes piles et dont les façades s'ouvrent, sur chacun des grands côtés, par deux arcs géminés, outrepassés et lobés, et par un arc lobé sur chacun des petits côtés.

– Une deuxième hauteur se terminant par un bandeau lisse comportant des merlons en gradins. Les façades de ce niveau sont percées par pas moins de 16 arcs de tracés variés : outrepassé brisé, curviligne, lobé (5 sur chaque grande façade et 3 sur chaque petite)

L'ensemble est couronné d'un dôme de brique, garni d'arcatures entrelacées et décoré de chevrons entourant une étoile à sept branches.

Les ouvertures en hauteur éclairent les parties intérieures hautes, où l'on constate que le plan rectangulaire de base a été ramené à un plan carré au moyen d'arcs de plein cintre doublant les arcs des largeurs.

La décoration intérieure, presque absente dans la partie inférieure de l'édifice, s'épanouit de plus en plus à mesure que le regard s'élève.

Cette décoration, contrastée mais sans rupture, associe le géométrique, le végétal et l'épigraphique.

Le décor géométrique est présent dans les arcs et les nervures de la coupole, dans le bandeau à entrelacs qui coiffe la corniche épigraphique et dans les trompes à mouqarnas.

Le décor floral, présent dans les vastes panneaux allongés de la coupole et les écoinçons, est d'une telle richesse, d'une telle densité et d'une telle maîtrise d'exécution qu'il donne l'impression d'un véritable jaillissement de formes végétales.

Quant à la décoration épigraphique, qui couvre les encadrements et les bordures, elle se distingue par le fait que l'inscription de fondation constitue la plus ancienne inscription en cursif du Maghreb.

Tous ces facteurs expliquent que, malgré les vicissitudes auxquelles elle a été exposée, la koubba de Marrakech permet de définir l'art almoravide à son apogée : un art inspiré et généreux.

View Short Description

Parmi les rares monuments almoravides épargnés par les Almohades figure, à Marrakech, cette koubba (coupole) de salle d'ablutions, annexe d'une mosquée disparue.
Mesurant 7,30 x 5,50 m, elle présente deux hauteurs distinctes, séparées à 5 m du sol par une bande lisse en saillie.
La première hauteur s'ouvre par 6 arcs, la seconde est percée de 16 arcs qui éclairent les parties supérieures, où le plan rectangulaire de la base passe à un plan carré au moyen d'arcs doublant les arcs des largeurs.
Remarquablement riche et dense, le décor de la coupole à 8 lobes évoque un jaillissement de formes végétales.

Mode de datation:

Une inscription sculptée dans le plâtre court tout autour de l'édifice, à 5 m du sol. Elle a été martelée, probablement par les Almohades à la prise de Marrakech. Ce qu'il en reste est un hommage appuyé à Ali ibn Youssef, commanditaire de l'édifice. La date de fondation y était également inscrite, mais seule une partie en est lisible : “yawm al arbi'a, dernier jour du mois de Rabi' 1er…”. L'année manque, mais sachant quela koubba était une annexe de la mosquée où Ali ibn Youssef a rencontré Yahia ibn Toumert, le guide des Almohades, en 514/1120, il est évident que les deux édifices ont été construits entre la date d'intronisation d'Ali ibn Youssef et la date de cette rencontre. Or, le dernier jour de rabi' est tombé deux fois durant cette période : en 503/1109 et en 511/1117. Cette dernière date semble la plus plausible si l'on considère que la construction de la mosquée et de ses annexes (koubba, fontaine, citerne, hammam) n'a pu être terminée trois ans seulement après l'intronisation d'Ali ibn Youssef.

Bibliographie sélective:

Deverdun, G., Marrakech, des origines à 1912, Rabat, 1959, p. 105.

Deverdun, G., Inscriptions arabes de Marrakech, Rabat, 1956, pp. 26-30.

Marçais, G., L'architecture musulmane d'Occident, Paris, 1954, p. 200.

Meunié, J. et Terrasse, H., Nouvelles recherches archéologiques à Marrakech, Paris, 1957.

Citation de cette page web:

Kamal Lakhdar "Koubba almoravide" dans Discover Islamic Art. Museum With No Frontiers, 2024. 2024. https://islamicart.museumwnf.org/database_item.php?id=monument;ISL;ma;Mon01;3;fr

Fiche rédigée par: Kamal LakhdarKamal Lakhdar

Linguiste et sociologue de formation, c'est en autodidacte que Kamal Lakhdar s'est adonné aux études d'histoire du Maroc et du monde arabo-musulman, en axant tout spécialement ses recherches sur l'histoire de Rabat.
Sa carrière de haut fonctionnaire l'a conduit à occuper des fonctions de premier plan auprès de différents ministères. Il a notamment été membre du cabinet du ministre de l'Enseignement supérieur, conseiller du ministre des Finances, conseiller du ministre du Commerce et de l'Industrie, directeur de cabinet du ministre du Tourisme, chargé de mission auprès du Premier ministre et directeur de cabinet du Premier ministre.
Parallèlement, Kamal Lakhdar mène des activités de journaliste et d'artiste peintre – il a d'ailleurs été membre du Conseil supérieur de la Culture.

Édition: Margot Cortez

N° de travail MWNF : MO 04

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