Nom du Monument:

Beni Isguen

Localisation:

Ghardaïa, Algérie

Date du Monument:

441 H / 1050 J.-C.

Période / Dynastie:

Ibadite/Rostémide

Description:

Lorsque Abou al-Hattab, maître de la ville de Kairouan sous les ordres des Kharidjites, fut tué, les Ibadites se donnèrent pour chef son compagnon Ibn Rostom, lequel fonda en 161 H / 778 J.-C. au Maghreb central un royaume qui s'étendait de Kairouan à Fès, avec Tahert pour capitale. Le mot “Kharidjites” (de kharadja, sortir, sortant) désigne une dissidence consécutive à une rupture avec la doctrine dominante. En 37 H / 658 J.-C., quatre mille fidèles quittèrent la ville de Kufa, indignés par l'arbitrage qui avait lésé Ali de ses droits à la succession au profit de Mouawiya, abandonnant ainsi le gendre du Prophète. L'épisode est à l'origine de la fracture qui traverse toujours le monde islamique entre chiites et sunnites.

Les Rostémides ont dominé le Maghreb central pendant un siècle et demi, mais, sous les coups des Fatimides, ils durent se réfugier d'abord à Sédrata (près de Ouargla), puis dans le M'zab, où ils fondèrent successivement les cinq villes qui forment la “Pentapole” (Ghardaïa, Mélika, Beni Isguen, Bou Noura et El Atteuf). Par d'ingénieux dispositifs de captage et de distribution du peu d'eau disponible, ils ont dès le VIe siècle H (XIIe siècle J.-C.) créé des palmeraies et des jardins qui témoignent toujours d'un très écologique contrôle des ressources naturelles.

Bâtie sur le flanc d'une colline rocheuse, Beni Isguen, fondée en 441 H /1050 J.-C., est la Ville sainte du M'zab. Elle est entourée d'un vaste rempart flanqué de tours et percé de trois portes qui, jusqu'à une date récente, étaient fermées chaque soir. Une autre tour, qui domine la ville, aurait été construite en un jour en prévision d'une attaque.

Les habitations de la vallée du M'zab sont conçues afin de permettre un certain “nomadisme” diurne. Elles sont généralement construites sur deux niveaux où l'on retrouve les mêmes équipements nécessaires au quotidien : le foyer, les latrines, la salle d'eau, les chambres, le séjour et le métier à tisser. Cette configuration permet, l'été, de s'installer au rez-de-chaussée, à l'ombre ; et, le soir venu, de transporter les activités à l'étage où il fait plus frais la nuit. L'hiver, on procède de façon inverse. Les maisons d'été, à l'intérieur de la palmeraie, présentent la même organisation. Au delà, donc, de ce fonctionnalisme, “la beauté leur fut donnée par surcroît. Les puritains hétérodoxes partis vivre leur vérité parmi les sables, plutôt que de consentir dans l'abondance à celle des autres, n'avaient pas souci de chercher le beau pour lui-même en leur demeure. Non point qu'ils n'en eussent pas le goût, mais parce qu'ils n'en avaient pas le loisir. D'abord survivre”.

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Bâtie sur le flanc d'une colline rocheuse, Beni Isguen est la ville sainte du M'zab. La protègent un vaste rempart flanqué de tours et percé de trois portes, et une tour qui domine la ville. Les habitations, construites sur deux niveaux, comprennent les salles d'eau, les chambres et le séjour ainsi que le métier à tisser. Les maisons d'été, dans la palmeraie, présentent la même organisation. Les jardins ont pu s'épanouir grâce à d'ingénieux dispositifs permettant de capter le peu d'eau disponible.

Mode de datation:

Tradition orale.

Bibliographie sélective:

Bourouiba, R., L'art religieux musulman en Algérie, Alger, 1974.

Ministère de l'information et de la culture, Les mosquées en Algérie, Alger, 1973.

Ravereau, A., Le M'zab, une leçon d'architecture, Paris, 1987.

Citation de cette page web:

Ali Lafer "Beni Isguen" dans Discover Islamic Art. Museum With No Frontiers, 2024. 2024. https://islamicart.museumwnf.org/database_item.php?id=monument;ISL;dz;Mon01;27;fr

Fiche rédigée par: Ali Lafer
Édition: Margot Cortez


N° de travail MWNF : AL 36