Mosquée de Tinmel
À une centaine de kilomètres au sud de Marrakech, Village de Tinmel, Haut-Atlas, Maroc
VIe siècle de l’Hégire (XIIe siècle J.-C.)
Almohade
Abdelmoumen ibn Ali, premier souverain almohade (524-558 H / 1130-1163 J.-C.).
C'est dans le petit village de Tinmel qu'Ibn Toumert s'installa en 515 H / 1121 J.-C. et constitua le noyau du mouvement almohade qui le proclama mahdi (inspiré). C'est de là qu'il lança la conquête du Maghreb et c'est là qu'il fut enterré en 524 H / 1130 J.-C.
Lorsque les Almohades eurent affermi leur pouvoir, le tombeau de l'imam devint un sanctuaire vénéré et un lieu de pèlerinage.
En 548 H / 1154 J.-C., Abdelmoumen construisit sur le site du sanctuaire, en même temps que la Koutoubiya, une importante mosquée qui, en raison de son éloignement dans une zone enclavée, finit par tomber en ruine pour n'être réhabilitée qu'à la fin du XXe siècle (aucune pierre n'avait été déplacée du site toujours vénéré par la population).
De dimensions assez modestes (48 x 43,6 m), elle comporte une cour de 23,65 x 16,70 m bordée latéralement par deux galeries prolongeant les nefs de l'oratoire.
Les appareils utilisés sont essentiellement la brique et un mortier fait de terre, de cailloux et de chaux.
La salle de prière compte 9 nefs orientées en profondeur. La nef transversale qui suit le mur de la qibla, la nef axiale et les deux nefs extrêmes sont plus larges que les nefs internes, ce qui a permis de coiffer le mihrab et les angles latéraux de coupoles entièrement meublées de mouqarnas, parmi les plus anciens de l'art hispano-maghrébin.
Le mihrab constitue la pièce maîtresse du décor, à la fois simple et puissant, avec son arc outrepassé légèrement brisé, accompagné d'un autre arc brisé de grande hauteur et d'un arc enveloppant qui augmente la force de l'ensemble, alors que les éléments secondaires – coupolettes, décors floraux, arcs lobés et moulures – restent discrets pour ne pas distraire la concentration des fidèles.
Entre la travée de la nef du fond et les autres travées se déploient des arcs lobés : deux arcs à lobes simples encadrant un arc à lobes tréflés de chaque côté du mihrab, et des arcades lisses et brisées partout ailleurs.
Les chapiteaux suivent la même logique : riches et diversifiés au mihrab et dans la nef antérieure, simples et similaires ailleurs.
Si les décorations géométrique et florale coexistent abondamment, la décoration épigraphique est pratiquement inexistante et ne se retrouve que sur quelques panneaux de plâtre ajouré à la base des coupoles. C'est là un des traits marquants de l'art religieux almohade.
Trois portes percées symétriquement dans chacun des murs latéraux s'accusent en façade par des porches en saillie ; une petite porte sans porche s'ouvre sur la cour et deux ouvertures étroites sont percées de part et d'autre du mihrab.
Le minaret s'élève sur une base rectangulaire de 9,50 x 5,50 m ; aujourd'hui découronné, il fait saillie au-dessus du mihrab.
La mosquée de Tinmel est considérée à juste titre comme un archétype de l'art architectural, architectonique et décoratif almohade.
Abdelmoumen, premier souverain almohade, fit construire en 1154 une mosquée du Vendredi dans le village de Tinmel, sépulture du guide spirituel de la dynastie.
De dimensions modestes, elle comporte une cour à deux galeries et une salle de prière de 9 nefs. Les coupoles du mihrab et des angles latéraux sont entièrement meublées de mouqarnas, parmi les plus anciens de l'Occident musulman. La décoration est à dominante géométrique et florale. Le minaret fait saillie au-dessus du mihrab.
Tombée en ruine, mais toujours consacrée, la mosquée a été récemment restaurée, largement avec des matériaux d'origine.
Al-Maqqari, dans Nafh et-Tib (Analectes sur l'histoire et la littérature des Arabes d'Espagne, 2 vol., Leyde, 1855-1861 / History of the Mohammedan dynasties in Spain, 2 vol., Londres, 1840), indique que les deux fils d'Abdelmoumen, Youssef et Yacoub, ramenèrent d'al-Andalus qui venait d'être pacifié (541 H / 1157 J.-C.) un des quatre exemplaires du coran primitif qu'ils exposèrent à la vénération des fidèles à la Koutoubiya de Marrakech puis à la mosquée de Tinmel qui venait d'être achevée. Cette indication permet de dater l'achèvement de la mosquée en 548 H / 1154 J.-C.
Basset, H. et Terrasse, H. “Sanctuaires et forteresses almohades”, in Hespéris, 1924, pp. 9-91.
Marçais, G., L'architecture musulmane d'Occident, Paris, 1954, pp. 201-202.
Triki, H., Hassar-Benslimane, J., Touri, A., Tinmel, l'épopée almohade, Casablanca, 1992.
Kamal Lakhdar "Mosquée de Tinmel" dans Discover Islamic Art. Museum With No Frontiers, 2024. 2024. https://islamicart.museumwnf.org/database_item.php?id=monument;isl;ma;mon01;9;fr
N° de travail MWNF : MO 11
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